Cette projection s'inscrit en continuité avec Au seuil du commun, événement qui s'est déroulé en février 2015. Suite à cette proposition un groupe de spectateurs-programmateurs s'est emparé de la question du commun.
Depuis quelques temps, la question du commun se pose de manière insistante, comme si l'on avait besoin de ré-interroger nos bases, ou tout simplement de se rassurer. Concept flou, englobant un éventail très large de problématiques, de la sphère personnelle, presque intime, jusqu'aux enjeux politiques de grande échelle, le "commun" se pose comme une utopie, un idéal à atteindre, mais peut aussi se voir comme une contrainte, qui poussée à l'extrême peut s'apparenter à une forme de totalitarisme, faisant fi des singularités de chacun.
Au final, ce "commun" que l'on présente comme une nécessité, est-il produit par de la matérialité, ou bien représente-t-il une convergence de valeurs ? Ne confondons-nous pas commun et collectif ? Cette recherche de "commun" pose la question de l'universel, mais y a-t-il encore quelque chose qui nous réunit ?
A toutes ces questions, le groupe de programmateurs-spectateurs de Peuple & Culture Marseille qui se réunit depuis plusieurs mois n'a bien évidemment pas trouvé de réponse. Un peu perdu dans les méandres d'un débat large et aux contours sans limite, nous avons décidé de faire un pas de côté, en programmant des films qui n'abordent pas la thématique du commun de manière directe ou didactique. Au final, nous vous proposons trois beaux films, qui chacun à leur manière, vont parler d'un commun "forcé", politique par nécessité et non par idéal. Un choix de programmation "en creux" qui fera débat, assurément.
Sous le niveau de la mer de Gianfranco Rosi
(2008, Italie/Etats-Unis, 1h53min)
Quelque part dans le désert californien, dans un environnement hostile au possible, sans eau, sans électricité, sans règles, une communauté "de fait" cohabite au quotidien sans autre choix que de tourner le dos à la société. Individualités marquées durement par la vie, les habitants se croisent, coopèrent tant bien que mal, tentent parfois maladroitement de construire des choses ensemble. Le réalisateur, immergé pendant trois ans, porte sur cette communauté de marginaux un regard à la fois poétique et social. Reste une question sans réponse : Peut-on vivre éternellement en marge de la société et à quel prix ?
Né à Asmara, en Érythrée en 1964, Gianfranco Rosi possède la double nationalité italienne et américaine mais se revendique italien. Il a vécu à Rome et à Istanbul et fait des études de Sciences Politiques en Italie avant de s'établir en 1985 à New York où il sort diplômé de la New York University Film School. Il réalise trois courts-métrages institutionnels pour la ville de New York. Il délaisse l'Italie de Berlusconi pour s'installer à Paris.
Suite à un voyage en Inde, il produit et dirige son premier moyen métrage, Le passeur (1993), présenté avec succès dans plusieurs festivals internationaux dont Sundance, Locarno, Toronto et Amsterdam. Par ailleurs, le film est diffusé sur de nombreuses chaînes de télévision internationales (BBC, PBS, WDR, RAI). Gianfranco Rosi réalise ensuite Afterwords, présenté à la Mostra de Venise 2000.En 2008, son premier long métrage, Sous le niveau de la mer, tourné à Slab City en Californie, remporte les Prix Horizons et Doc/It à la Mostra de Venise 2008. En 2010, il tourne le long métrage El Sicario, Room 164, film-interview sur un tueur à gages mexicain. Il remporte le Prix Fripesci à la Mostra de Venise 2010.
Sa réalisation suivante, Sacro GRA, consacrée à la vie d'individus hauts en couleur sur le périphérique autoroutier de Rome, remporte le Lion d'or à la Mostra de Venise 2013. Elle devient ainsi le premier film documentaire à en être le détenteur8.