Résidence programmée du 28 janvier au 30 mars 2016
Dans son roman Debout-payé, Gauz porte son regard sur les inégalités sociales, la consommation, la société de surveillance contemporaine et dresse un portrait sur le vif de la France contemporaine. Mêlant une approche documentaire à un récit fictionnel, le roman se construit autour d'Ossiri, jeune ivoirien arrivé à Paris sans papier en 1990. A la manière de Jean Rouch dans Petit à Petit, l’auteur écrit la découverte de la ville par un immigré et son regard sur la France d’aujourd’hui.
Le roman raconte l'immigration ivoirienne, de 1960 à nos jours à travers plusieurs récits qui s'entrecroisent autour de deux lieux parisiens, la MECI (Maison des étudiants de Côte-d’Ivoire) et les Grands Moulins de Paris. Découpé en trois parties, « l'âge de bronze 1960-1980 », « l'âge d'or 1990-2000 » et « l'âge de plomb », on découvre les histoires de ces immigrés, sans-papiers, devenu vigiles à Camaïeu ou encore au Séphora des Champs-Elysées. Se dessine au fil du récit une histoire de la surveillance et de l’évolution du métier de vigile de la Françafrique jusqu’à l’après 11-septembre.
Un vigile gagne sa vie à rester debout, il a le temps d’observer. Il pense, établit ainsi ses propres statistiques, maximes, et autres lois sociologiques, en croisant les données morphologiques des clientes, leur nationalité. Gauz s’amuse avec le vocabulaire et invente une langue. En revisitant et détournant des langages techniques, professionnels, et quotidiens, l’auteur sous la forme d’un lexique décline les réflexions de celui qui observe sans être vu. L’oralité et le langage sont au cœur du livre.
Les relations politiques entre la France et ses anciennes colonies sont interrogées en filigrane tout au long du récit. Cette interrogation sur la mémoire, sur notre Histoire, les liens entre histoire singulière et histoire politique, Gauz souhaite la poursuivre dans son prochain roman. Ces questions qui nous travaillent et offrent une lecture de l’aujourd’hui, sont particulièrement vives à Marseille. La recherche que l’auteur mènera aux archives d’Outre-mer nourrira notre démarche, nos réflexion et nos ateliers.
L'auteur
Armand Patrick Gbaka-Brédé alias Gauz est né à Abidjan en 1971. Pendant les cinq années qui suivent l’obtention de son diplôme de biochimie, il décide de ne rien faire et sillonne la Côte d’Ivoire pour mieux connaître son pays. Gauz considère, d’ailleurs, cette période comme son premier poste en tant qu’observateur de l’autre.
Après cette période, il part poursuivre ses études en France à l’Université de Paris-Jussieu et exerce successivement divers métiers, de vigile à jardinier avant d’être photographe et rédacteur-en-chef d’un journal économique, News & co. Il participe à la rédaction d’un scénario sur l’immigration des jeunes Ivoiriens Après l’océan, film d’Eliane Delatour. Gauz réalise des courts métrages documentaires dont Quand Sankara…, lors du Forum Social Mondial de Bamako en janvier 2006, donnant la parole à des jeunes qui reprennent le discours que prononça Thomas Sankara à l’assemblée de L’ONU en 1984 à New York.
Oeuvre
Debout-payé, le nouvel Attila, 2014, 1er prix des libraires Gibert Joseph, Meilleur premier roman français par la rédaction de Lire. Edité chez Livre de poche, en octobre 2015